La bande dessinée de science-fiction post-apocalyptique We Stand on Guard, créée par Brian K. Vaughan et Steve Skroce, connaît une popularité croissante ces derniers temps. C'est en tout cas ce qu'annonce sa maison d'édition, Image Comics. Dans un communiqué, l'éditeur indique que "l'édition limitée cartonnée est actuellement presque épuisée chez le distributeur et les exemplaires du recueil broché s'envolent des rayons à une vitesse record". Mais pourquoi ce regain de popularité et que vient faire Donald Trump là-dedans ?
De quoi parle We Stand on Guard ?
L'histoire de ce comic book se déroule en 2124. Le Canada est devenu une zone de guerre dévastée, où les rebelles canadiens luttent pour leur liberté contre l'oppresseur américain. Les États-Unis ont en effet envahi le pays après lui avoir imputé l'assassinat de leur président. Face aux drones et aux robots géants de l'armée U.S, les résistants canadiens pèsent peu mais tentent tout de même de protéger leur pays. Au centre de ce conflit, nous suivons Amber, une jeune femme qui a rejoint la résistance après avoir été témoin de la mort de sa famille lors d'une attaque de drone douze ans auparavant.
Écrit par l'américain Brian K. Vaughan (Y, le dernier homme ; Saga) et dessiné par le canadien Steve Skroce (les storyboards de la trilogie Matrix; Post Americana), We Stand on Guard est une série limitée en six épisodes parue initialement en 2015. En son temps, Brian K. Vaughan en disait :
Niko Henrichon et moi avions déjà écrit une allégorie sur les victimes non combattantes de la guerre avec Pride of Baghdad, mais je voulais [...] écrire sur la résistance réelle et armée contre un pays que j'aime, d'une manière qui, je l'espère, serait compréhensible par n'importe qui, quelle que soit sa nationalité. Steve et moi n'avons jamais voulu que ce soit un "commentaire" ennuyeux, mais sous couvert d'entrailles et de robots géants, c'est définitivement politique.
Les recueils de ces six numéros faisaient depuis partie du fonds du catalogue d'Image, vivotant tout à fait discrètement.
Pourquoi cette résurgence ?
C'était sans compter sur l'élection de Donald Trump comme président des États-Unis. Celui-ci a, ces dernières semaines, multiplié les déclarations provocatrices envers le voisin canadien, estimant notamment qu'il devrait devenir le 51e État américain. Plus prosaïquement, il a aussi débuté une guerre commerciale avec le pays, menaçant d'augmenter les tarifs douaniers de 25 %, une décision pour l'instant mise en suspens jusqu'à début mars (sauf pour l'acier et l'aluminium, à l'heure où sont écrit ces lignes).
Ces tensions nouvelles entre les deux pays, pourtant alliés depuis très longtemps, ont donc visiblement intriguées certains lecteurs qui se sont tourné vers ce récit post-apo où USA et Canada se livrent une véritable guerre armée.
Outre l'augmentation des ventes mise en avant par Image, le site The Beat a montré que le titre semblait avoir bel et bien touché une corde sensible. Sur le site canadien d'Amazon, We Stand on Guard est ainsi numéro 1 des ventes dans les catégories Science Fiction Graphic Novels (BDs de science-fiction) et Dystopian Graphic Novels (BDs dystopiques) et deuxième dans Canadian Military History (Histoire militaire canadienne).
Brian K. Vaughan, dont l'épouse est canadienne, a commenté :
"Plusieurs des collaborations dont je suis le plus fier ont été réalisées avec des créateurs canadiens, et j'ai été particulièrement heureux de travailler enfin avec le légendaire artiste Steve Skroce. Je suis donc reconnaissant aux lecteurs de revisiter notre histoire de guerre cauchemardesque, qui, nous l'espérons, restera une fiction."
Ce qui ressemblait à une fiction tout à fait improbable a pris une autre dimension à l'aune des provocations du président Trump. Des provocations qui interpellent et inquiètent les lecteurs. Publishers Weekly a ainsi remarqué que de nombreuses œuvres dystopiques avaient vu leurs ventes augmentées durant la première semaine de mandat du nouveau président. . C'est notamment le cas de Farenheit 451 de Ray Bradbury, de 1984 et de La Ferme des animaux de George Orwell ou encore La Servante écarlate de Margaret Atwood.
À l'heure où les tensions nationales et internationales s'exacerbent, les lecteurs semblent vouloir trouver compréhension et -peut-être- catharsis des peurs dans ces histoires où le pire des hommes est mis en scène.
De Brian K. Vaughan et Steve Skroce
Traduit par Jéremy Manesse
22/06/2018 – Relié – 176 pages – 20€
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Dans un futur proche, les États-Unis envahissent le Canada, dernière grande réserve d'eau naturelle. Face à l'adversaire, la résistance canadienne s'organise. Mais que faire lorsque votre agresseur possède une avance technologique qui renvoie vos lignes de défense à l'âge de pierre ? Engager une lutte sans pitié pour la liberté et être prêt à tous les sacrifices, même les plus abjectes, pour voir votre cause triompher
Contient : We Stand On Guard (Image, 2015) #1-6
Source : Image Comics, The Beat