James Tynion IV est certes le scénariste de franchises comme Batman, mais il connait aussi de nombreux succès en tant que scénariste indépendant chez Boom Studios. Avec des titres comme Something is Killing The Children ou encore sa trilogie Memetic, Cognetic, Eugenic il a déjà signé de nombreux récits apocalyptiques ou de fin du monde. Il récidive cette fois-ci au sein de DC Comics et de son Black Label avec The Nice House on The Lake, accompagné du dessinateur Alvaro Martinez Bueno. Un récit certes au-dessus de la moyenne mais qui connaît quelques problèmes narratifs.

The Nice House On The Lake (image : © DC COMICS)

C’est une maison… glauque

À travers les États-Unis, une petite dizaine de personnes, parfois amis d’enfance, ont la surprise de recevoir un mail d’une de leurs anciennes connaissances : un certain Walter, qui a partagé avec eux des moments de vie, d’amour, de joie et de peines. Ce dernier les invite dans sa maison luxueuse au fond des bois. Et après des années COVID, les nombreux convives ont besoin de respirer. Un peu surpris, ils acceptent toutefois l’invitation. Tous se voient donc réunis dans cette splendide demeure au bord d’un lac, au fond des bois, loin de tout. Certains se retrouvent, d’autres se découvrent, tandis que Walter adopte un comportement toujours aussi étrange. Il faut dire qu’il a fréquemment été considéré comme quelqu’un ayant la tête un peu « ailleurs » dans le passé. Mais cette fois-ci il semble être monté en grade dans le bizarre : il a tout prévu, réservé des petites surprises à ses invités, organisé des challenges. Il leur a même donné des noms de code.

La villa est splendide, le buffet succulent, l’alcool coule à flot, bref, tout semble aller pour le mieux. Mais dès le premier soir, quelque chose de bizarre se produit : via leurs téléphones, les convives apprennent une terrible nouvelle, qui risque de prolonger leur séjour et surtout de les isoler plus longtemps que prévu du reste du monde. Mais ce n’est rien comparé à ce que leur réserve Walter ! Bienvenue dans un enfer paradisiaque où l’horreur va rapidement s’installer.

The Nice House On The Lake (image : © DC COMICS)

House of Pain

On pourrait penser, au vu de la production DC Comics de James Tynion IV, qu’un récit d’horreur apocalyptique est une nouveauté. Ce serait bien mal connaître le travail du monsieur chez les indépendants et notamment BOOM STUDIOS pour lesquels il a déjà proposé pas moins de trois mini-séries sur la fin du monde (le triptyque Memetic, Cognetic, Eugenic, de très grande qualité et pourtant encore inédit en France). Et de fait, ce comics The Nice House On The Lake, s’il est plutôt distrayant, n’est pas le plus abouti de la carrière de l’auteur. Non pas que l’histoire ne soit pas bien ficelée, James Tynion IV est l’un des meilleurs scénaristes actuels et cela se ressent dans son écriture, mais disons que cette fois-ci, il a été peut-être un peu trop ambitieux.

En effet, l’auteur semble éprouver de grandes difficultés à faire exister ses personnages. Et ils sont nombreux. On nous introduit par exemple, en moins d’une dizaine de pages, pas moins d’une douzaine de personnages principaux, dont certains se ressemblent beaucoup. Difficile de ne pas passer son temps de lecture à revenir en arrière pour savoir qui était qui, quel était le nom de la personne, sa fonction ou ses relations, le travail de personnification aurait donc largement pu être amélioré.

Autre problème, cette volonté de complexifier inutilement l’intrigue, via l’apport de scènes situées dans le passé mais aussi dans le futur qui rajoutent à la confusion. On a droit à des passages écrits, des symboles un peu bizarres et de fait, on a parfois même l’impression que The Nice House On The Lake aurait pu être écrit par Jonathan Hickman, ce qui aura sans nul doute un effet repoussoir sur certains.

The Nice House On The Lake (image : © DC COMICS)

Land of confusion

Cet effet de trop plein est malheureusement renforcé par la prestation graphique d’Alvaro Martinez Bueno, inconnu jusqu'ici par votre serviteur, et qui peut faire penser à un croisement entre Fiona Staples et David Aja. On pourrait certes faire pire comme références, mais clairement, il n’est pas arrivé lui aussi à différencier clairement sa demi-douzaine de personnages. Surtout quand ces derniers ont pris deux ou trois ans et sont habillés totalement différemment dans des scènes situées dans le futur. On ne sait pas qui est qui et c’est un problème. Sinon, l’ambiance et la composition sont réellement au-dessus de la moyenne. Mais on aurait pu s’attendre à quelque chose de plus réussi.

James Tynion IV et Alvaro Martinez Bueno ont introduit beaucoup d’éléments, développé de nombreuses pistes dans leur récit. Et comme ils ont un peu foiré leur caractérisation des personnages, de fait, et comme toute mini-série qui se respecte, The Nice House On The Lake verra sa qualité globale corrélée au succès de sa résolution finale. Qui, sans aucun doute, saura nous contenter. Après tout, James Tynion IV est rarement décevant.

The Nice House On The Lake T1 est une série en deux parties publiée par Urban Comics au début du mois de février (Traduction : Maxime Le Dain). Suite et fin en mars. Vous pourrez d’ailleurs retrouver James Tynion IV et Alvaro Martinez Bueno en dédicace au festival d’Angoulême.

(The Nice House On The Lake T1, Urban Comics)

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