Red Hood Souriez ! est le premier travail de Chip Zdarsky sur un personnage de la Bat-Family, avant même de prendre les rênes de la série Batman: Dark City. Dans cette histoire complète, il reprend le personnage de Red Hood/Jason Todd pour lui donner une nouvelle direction. Une histoire très classique sans véritable grand moment.

Red Hood est un personnage vraiment à part dans la mythologie de Batman. Devenu le deuxième Robin après le départ de Dick Grayson, puis rapidement éliminé par le Joker (et le public), il est resté environ une petite trentaine d’années dans l’oubli, jusqu’à ce que les éditeurs décident de le faire revenir au détour d’une crise, avec la justification la plus absurde qui soit. En effet, rappelons que contrairement à ce que l’on a pu voir dans les différentes séries animées, Jason Todd doit son retour dans l’univers DC à cause de Superman de Terre II qui a frappé sur les murs d’une bulle de réalité ! De fait, son retour partait plutôt mal, même si l’idée d’un Jason Todd revanchard, reprenant le costume d’origine du Joker (Red Hood) pouvait donner des choses intéressantes. Le New 52 et l’introduction de Damian Wayne sont alors venus totalement changer la donne. Personnage un peu redondant, les éditeurs ont eu beaucoup de mal à lui donner une personnalité et une direction qui sortent un peu des sentiers battus, en dehors de la caricature d’un Punisher rattaché à la Bat-Family. Dans ce récit, le scénariste Chip Zdarsky tente de redorer le blason du personnage pour mieux l’intégrer dans ses futurs récits.

Image : @DC Comics

Il nous propose donc une histoire sur fond de drogue, laissant des enfants sans parents et sur laquelle vont travailler séparément Red Hood et Batman. Et cette drogue, nommée les Gouttes de joie, a des effets bien particuliers : c’est une drogue dérivée du sérum de l’Épouvantail, qui a les effets inverses de celui-ci. Autrement dit, inhaler les Gouttes de joie vous permet de voir vos propres rêves et vos espoirs les plus profonds. Bien évidemment, les deux personnages vont devoir composer l’un avec l’autre et cela ne se fera pas sans heurts, Jason reprochant toujours à Bruce de l’avoir abandonné à son triste sort lorsqu’il était Robin. À travers cette aventure qui va les opposer puis finalement les rapprocher, on va se rendre compte que la relation père/fils entre Bruce et Jason n’est pas si impossible que cela. Et que tout passe avec de bons sentiments.

Image : @DC Comics

Ce qui est un peu le problème du récit. Car il n’y a rien de plus facile, quand on est scénariste de comics, que d’arriver d’une situation A à une situation B. Un petit coup de puits de résurrection, des murs de réalité, un pacte avec le diable, c’est vite fait. À la décharge de Chip Zdarsky, il essaye une méthode un peu plus conventionnelle, celle de retisser des liens à travers une histoire qui est censée rappeler aux deux protagonistes leurs propres failles pour mieux les réunir. Et disons que si c’est tout à fait lisible, c’est quand même fait un peu aux forceps. Il faut dire que le scénariste utilise désormais le procédé le plus classique de ces dernières années : les flash-backs. Ces derniers doivent en théorie apporter un peu plus de profondeur à leur relation mais dans ce cas précis, cela ne fonctionne pas. Car les ficelles sont un peu grosses. Le gamin orphelin est, par exemple, de trop. Son apparition est un peu trop superficielle pour nous faire comprendre rapidement qu’il n’est pas là en tant que personnage, mais uniquement en tant qu’objet de scénario pour rapprocher Batman et Red Hood. En toute honnêteté, j’ai eu énormément de mal à entrer dans l’histoire, Chip Zdarsky ne parvenant pas à me faire ressentir d’empathie pour les personnages. Ce qui est assez rare puisqu’en général, son écriture fonctionne plutôt bien sur moi. Là, la mise en place des situations est trop générique et trop prévisible pour qu’on puisse accorder un peu d’attention à ce que l’on est en train de lire.

Je pourrais faire la même remarque pour les deux méchants de l’histoire. L’un est un vilain très connu et utilisé lui aussi uniquement dans une fonction générique et l’autre, un méchant que je ne connaissais pas et qui s’appelle Joie, n’est pas très bien défini. De fait, les enjeux ne sont pas assez forts pour nous permettre de nous immerger autant que ce que le scénariste aurait voulu. C’est assez fade, assez plat et il n’en ressort pas grand-chose finalement.

Image : @DC Comics

Niveau dessins en revanche, c’est solide sur le départ. En effet, Eddy Barrows est un excellent artiste, qui a déjà œuvré de nombreuses fois sur la Bat-Family. Ses compositions, ses personnages sont vraiment très bons. Un problème toutefois : même dans le cadre d’une mini-série, il a du mal à tenir le rythme. Ce qui explique les nombreuses scènes de flashback réalisées par le non moins excellent Marcus To Mais ce n’est pas suffisant ! Barrows n’arrive pas à assurer la totalité de ses moitiés d’épisode et doit être remplacé à, partir du numéro 4. Et c’est une véritable auberge espagnole puisque Jesús Merino, Diogenes Neves et Scott Eaton viennent prêter main forte pour quelques pages. Cela ne se voit pas au premier abord, mais le niveau est quand même en dessous.

De fait, Red Hood Souriez ! est une bande dessinée moyenne, qui n’est pas ratée mais qui a du mal à proposer une histoire originale. Pour son premier récit sur Batman et son univers, Chip Zdarsky n’a pas pris de risques et s’est contenté de rester sagement dans les limites d’un récit assez convenu. Elle ravira toutefois les fans du personnage, s’il y en a et les complétistes de Batman. Une dernière remarque sur le titre qui se veut un hommage à The Killing Joke (Souriez ! en VF), mais qui pour le coup n'a strictement aucun rapport avec le comic book d'Alan Moore et Brian Bolland.

Red Hood Souriez !, par Chip Zdarsky et Eddy Barrows, 152 pages, 17 €, disponible depuis le 23 juin 2023 en VF chez Urban Comics.

Red Hood : Souriez ! Urban Comics

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