Un nouveau chapitre juridique s'ouvre dans l'histoire de Superman. Les héritiers de Joe Shuster, co-créateur du héros, viennent d'intenter un procès contre Warner Bros. Discovery et DC Comics. Cette action en justice, qui pourrait bouleverser l'exploitation du personnage à l'international, menace notamment la sortie du film Superman prévu pour le 9 juillet 2025.
L'origine du conflit
Tout commence en 1938, lorsque Jerry Siegel et Joe Shuster créent Superman pour Detective Comics Inc. Les deux artistes cèdent alors les droits du personnage pour 130 dollars, une pratique courante à l'époque dans l'industrie des comics. Une somme qui contraste dramatiquement avec le succès phénoménal que connaîtra l'Homme d'Acier, rapidement devenu l'un des super-héros les plus emblématiques de la culture populaire.
Les bases juridiques de la nouvelle action en justice
La plainte déposée le 31 janvier 2025 par les héritiers Shuster s'appuie sur une particularité méconnue du droit international. Dans les pays de tradition juridique britannique (Royaume-Uni, Canada, Australie, Irlande), la loi prévoit l'extinction automatique des accords de cession de droits d'auteur 25 ans après le décès de l'auteur.
Joe Shuster étant décédé en 1992, ses héritiers considèrent que les droits leur sont revenus dans ces territoires depuis 2017. Leur argumentaire est clair : "Les défendeurs continuent d'exploiter Superman dans ces juridictions sans notre autorisation, en contradiction directe avec les lois sur le droit d'auteur de ces pays."
Les implications immédiates
L'action en justice vise plusieurs objectifs majeurs. Les héritiers réclament un procès devant jury et exigent une injonction préliminaire pour geler tout nouveau projet jusqu'à la résolution du conflit. Au-delà du contrôle créatif, ils revendiquent leur part des bénéfices générés depuis 2017 dans les territoires concernés.
Face à ces demandes qui menacent directement la sortie internationale du prochain film, Warner Bros. Discovery affiche sa détermination : "Nous contestons fondamentalement le bien-fondé de cette action en justice et défendrons vigoureusement nos droits."
Une histoire jalonnée de conflits juridiques
Le premier affrontement éclate en 1947 autour des droits de Superboy. Siegel et Shuster remportent cette bataille, mais DC conserve le contrôle de Superman moyennant une compensation de 94 013,16$ (équivalent à 1,2 million de dollars aujourd'hui).
La décennie suivante voit naître de nouvelles tensions, notamment lors du procès contre Fawcett Comics concernant Captain Marvel. Bien que dépossédé de ses droits, Siegel se retrouve régulièrement convoqué comme témoin dans cette affaire.
En 1975, sous la pression médiatique croissante, Warner Bros. négocie un accord garantissant aux créateurs une rente annuelle, une couverture médicale complète et leur crédit sur toutes les productions Superman. Cette entente est suivie en 2001 d'un compromis plus substantiel avec les héritiers Siegel : plusieurs millions de dollars et une rente annuelle de 500 000$ contre l'abandon définitif des droits.
Les enjeux pour l'avenir
Alors que Warner Bros. Discovery maintient la sortie de Superman au 9 juillet prochain, cette bataille juridique pourrait avoir des répercussions bien au-delà de l'Homme d'Acier. Le procès soulève des questions importantes sur la portée internationale des droits d'auteur, particulièrement dans un monde où les propriétés intellectuelles traversent facilement les frontières. Si les héritiers Shuster obtiennent gain de cause, de nombreux studios pourraient devoir repenser leur façon de gérer leurs personnages historiques à l'échelle mondiale.
Sources: Deadline, Bleeding Cool, Screenrant