Parmi la quantité de titres liés à Batman et aux personnages qui gravitent autour de la Bat-Family, Poison Ivy détonne. Même si vous n’avez pas suivi les derniers évènements concernant le personnage, Poison Ivy Infinite est un excellent comics, qui arrive à faire quelque chose d’intéressant avec une vilaine pourtant usée jusqu’à la corde. Un des meilleurs comics de ce mois d'août !

Image © DC Comics

C’est toujours très difficile de réaliser un récit sur un personnage qui est avant tout un vilain. Je veux dire, un véritable criminel psychopathe. Soit les auteurs ont tendance à le rendre gentil, soit ils ne vont pas assez loin et mettent le projecteur sur ses antagonistes. Le Joker de James Tynion était surtout une histoire sur sa relation avec Gordon par exemple. On pourrait aussi citer l’évolution de Harley Quinn. Mais lorsque c’est réussi, le récit prend une toute autre ampleur. On pense en priorité à Empire de Mark Waid, particulièrement dérangeant. Ce récit sur Poison Ivy se situe un peu au milieu. Sans nier son côté psychopathe, les auteurs vont nous proposer une évolution progressive de ses motivations pour arriver à une véritable rédemption qui fait sens. Et cela correspond un peu à l’histoire de cette jeune femme depuis sa création dans les comics. De vilaine classique elle s’est progressivement transformée en héroïne malgré elle, en personnage positif, surtout depuis sa relation avec Harley Quinn. Si Pamela a toujours été intéressants, on se demande toutefois bien comment on peut faire une série mensuelle sur ses aventures ! Eh bien force est de reconnaître que G. Willow Wilson s’en sort parfaitement en embrassant le côté criminel et eco-terroriste du personnage. Elle ne cherche pas à limiter la cruauté d’Ivy, tout en nous amenant une histoire de rédemption qui va lui permettre de partir sur un nouvel horizon.

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De fait, ce qui est assez surprenant au début du récit, c’est qu’Ivy y est décrite comme une psychopathe, n’hésitant pas à semer la mort sur son passage et tuant de manière atroce tout ceux qu’elle rencontre ! Difficile donc de pouvoir nous vendre une série régulière comme ça. Sauf que G. Willow Wilson se débrouille très bien ! Comme à son habitude, elle nous propose un titre défini par une narration souvent basée sur les monologues intérieurs de sa protagoniste (on peut difficilement l’appeler héroïne) ou tout du moins, sur une lettre écrite à une personne mystérieuse. C’est vraiment bien fait et nous rapproche immédiatement du personnage, sans toutefois vouloir la dédouaner de ses actions. De fait, les motivations d’Ivy sont claires : protéger la nature. Et pour protéger la nature, il faut se débarrasser des humains. Cet aspect a déjà été abordé de nombreuses fois, mais pas dans le cadre d’une série régulière. Via des spores mortels, Ivy a pour but de contaminer l’humanité toute entière pour laisser la place à la "sève", cette personnification de la nature et des plantes. Ce changement d’attitude correspond aux conséquences d’une histoire antérieure, que je n’ai pas suivie, où Ivy est devenu toute puissante avant de perdre une grande partie de ses pouvoirs. Mais rassurez-vous, même si vous n’avez pas connaissance de ce point particulier de la vie d’Ivy le récit intègre un résumé qui vous permettra de tout comprendre. Le point de départ est clair et la méconnaissance des évènements antérieurs n’est donc pas un handicap.

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Wilson, pour commencer son récit, nous propose trois ou quatre épisodes auto-contenus, où Ivy rencontre des personnages et partage un moment de leur existence avant de se décider à les tuer ou pas. Cette volonté est très appréciable, car elle permet de définir des évènements particuliers qui vont influer à la fin sur le mode de pensée de Poison Ivy, la faire subtilement changer d’optique. Bien évidemment, comme dans toute série qui se respecte il y a un fil rouge qui a un lien avec son rapport à la sève et qui sera le grand méchant de la fin de ce volume. Toutes ces rencontres, tous ces personnages permettent à Ivy de progresser dans ses pensées de mort et de destruction, pour en arriver à une conclusion finale qui fait sens. Le changement d’attitude du personnage est bien décrit et surtout mis en place sur la longueur. C’est assez rare pour être mentionné. Chaque page est importante pour la construction mentale du personnage et nous propose d’explorer en profondeur sa psyché. De fait, il n’y a pas, en dehors de la bataille finale, énormément d’action.

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Mais le point fort de ce Poison Ivy ce sont avant tout les dessins absolument somptueux de Marcio Takara. J’avais pu repérer ce dessinateur il y a quelques années dans la série Incorruptible et il ne m’avait pas marqué, mais alors là, quelle évolution ! C’est tout simplement magnifique ! Le trait et la colorisation sont sublimes, avec une ligne très claire mais qui fourmille aussi de détails. Mais là où l’on frôle l’excellence, ce sont sur tous les passages horrifiques ou hallucinatoires d’Ivy, où l’on sent vraiment que Takara a potassé ses classiques. D’ailleurs, lorsque Brian Level le remplace sur quelques pages, cela ne fonctionne plus vraiment. C’est rare lorsqu’un dessinateur arrive à donner une véritable identité artistique à une série, une signature qui lui est propre, et c’est véritablement le cas dans ce Poison Ivy.

Vous l’aurez compris, je suis très enthousiasmé par cette série, chaudement recommandée.

Poison Ivy Infinite Tome 1 : Cycle Vertueux, est publié par Urban Comics, traduit par Mathieu Auverdin et disponible sur Amazon, FNAC, Cultura et Bubble et en vente chez les libraires spécialisés.

Poison Ivy Tome 1, Urban Comics

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