Après Cul de Sac et Hagar Dunor, Urban nous propose une nouvelle collection de strips légendaires avec Pim, Pam, Poum alias les Katzenjammer Kids. Une très belle édition avec une introduction de grande qualité et des histoires très divertissantes.

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Un peu d’histoire

À la fin du XIXe siècle, les héros de bande dessinée ne sont présents que dans les grands quotidiens sous forme de petites histoires en quelques cases. C’est ce que l’on appelle les comic-strips. L'une des constantes du milieu de la bande dessinée (comme toute autre activité de divertissement) étant de surfer sur la vague et d'user jusqu'à la corde des concepts qui fonctionnent, un grand nombre de héros récurrents vont alors faire leur apparition dans les suppléments du dimanche de ces journaux. Parmi les plus connus, on peut nommer les Katzenjammer Kids, crées en 1897 par l'immigré allemand Rudolph Dirks et publiés en France sous le titre plus célèbre de Pim Pam Poum dans Le journal de Mickey dès 1935 (même si leurs histoires sont apparues dans divers magazines antérieurs).

Pour la petite histoire, les Katzenjammers Kids sont à l'origine du premier procès concernant les droits d'auteurs de personnages de bande dessinée. En effet, au bout de quelques années de publication, Dirks quitte le quotidien dirigé par le magnat de la presse Randall Hearst pour rejoindre l’écurie de Joseph Pulitzer, son concurrent. Ce qui entraîne dès 1912 une bataille juridique entre l’auteur et l’éditeur pour la possession des droits des personnages. Le tribunal tranche finalement en 1914 : Hearst garde les droits du nom Katzenjammers Kids mais Dirks conserve ceux des personnages. Hearst engage alors le dessinateur Harold Knerr afin de continuer la version publiée dans son quotidien tandis que Dirks publie ses histoires sous le nom de The Captain and the kids. Ce volume publié par Urban Comics nous propose de découvrir la version de Knerr avec des épisodes publiés dès 1936. Pourquoi ne pas avoir commencé dès le départ ? Tout simplement parce que les planches d’époque ne sont plus disponibles ou ne sont pas dans un état suffisant pour permettre une publication optimale.

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Les garnements

Pim, Pam, Poum nous raconte l’histoire de Pam et Poum, vivant avec leurs oncle et tante, le capitaine Pim et sa femme, sur l’île du roi Bongo. Ils sont entourés de personnages plus loufoques les uns que les autres. Le principe de la série est simple : chaque petite histoire nous raconte une blague ou un vilain tour joué par les deux garnements au capitaine Pim ou aux autres. Blague souvent éventée et qui se termine par une fessée rituelle assenée par le capitaine ou Mama Pim. Ce qui est assez intéressant, c’est de voir que les noms et les fonctions des personnages ont tous été changés dans la version française. Le capitaine n’est en effet pas le mari de Tante Pim, qui n’est pas non plus la tante des garnements mais leur mère biologique. On peut supposer qu’à l’époque, il fallait que deux adultes vivant sur une même île soient mariés pour ne pas s’attirer le mauvais œil de la censure.

Dans la splendide et très riche introduction en début de volume, signée Tristan Lapoussière, on nous apprend qu’Urban et les traducteurs ont fait le choix de conserver les versions françaises des personnages, afin de ne pas déstabiliser les vieux lecteurs. Le début du volume est assez agréable à suivre, on se prend au jeu des petites histoires, dont certaines fonctionnent encore actuellement. Mais le livre prend réellement son envol lors de l’introduction d’Adolphe de Sainte Barbe, un autre garnement qui va devenir la nemesis de nos héros. La série peut alors se permettre des renversements de situation impossible alors et de pouvoir établir toute une série de gags nouveaux autour du thème de l’arroseur arrosé, Adolphe faisant souvent échouer les plans de Pam et Poum et inversement.

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Une lecture très plaisante

Ce premier tome nous propose quasiment 250 petites histoires courtes, ce qui fait que lire le livre d’un trait n’est pas très pertinent. On peut le picorer de temps en temps, avec quelques pages chaque soir sans que le plaisir de lecture ne soit dévoyé. C’est même sans doute la meilleure manière de lire ce gros pavé. Et ce qui est vraiment sympathique, c’est que le dessin est de très bonne tenue ! La structure narrative fonctionne parfaitement et les personnages, très caricaturaux, sont loin d’être vieillots. Bon, la représentation des habitants de l’île du roi Bongo nous fait bien comprendre que nous sommes dans les années 30, mais le reste est vraiment très agréable à l’œil. D’ailleurs il y a un petit mot au début de l’ouvrage sur l’utilisation des stéréotypes et de l’image négative attribuée à certaines cultures.

À l’heure des récits décompressés qui prennent plus de douze épisodes pour raconter de manière emberlificotée une histoire basique, cela fait de bien de voir du dessin efficace. Il y a très peu de gras dans les histoires de Pim, Pam, Poum. Chaque trait, chaque séquence n’a qu’un seul but : nous amener le plus rapidement possible vers la blague. Et c’est la plupart du temps très réussi. Vous vous doutez bien que dans un recueil de ce genre, certaines histoires sont meilleures que d’autres et qu’il y a quelques ratés parfois. Mais l’impression générale est celle d’un très bon livre, qui promet un joli retour en enfance et qui ravira certes les vieux lecteurs mais qui pourra aussi contenter les amateurs plus jeunes de comic-strips. Un cadeau très sympathique à offrir à votre grand-oncle ou à vos parents, qui connaissent certainement. Un avis très positif donc !

Pim, Pam, Poum est publié par Urban Comics. 

Pim, Pam, Poum, Urban Comics

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