Afin de préparer dignement les fêtes qui s’approchent à grand pas, la rédaction de Superpouvoir vous propose son calendrier de l’avent comics. Chaque jour, une petite pépite, un coup de cœur, une œuvre injustement ignorée vous sera dévoilée pour, pourquoi pas, l’ajouter au pied du sapin et surtout, étoffer votre culture comics.

Aujourd’hui, un comics totalement barré, OMÉGA L’INCONNU par Jonathan Lethem, Karl Rusnak et Farel Dalrymple.

omega the unknown

(image : © Marvel Comics)

Remake ou Reboot

Oméga l’inconnu est vraiment le titre le plus bizarre que Marvel ait sorti ces dernières années. Il s’agit d’un reboot d’une vieille série des années 70 créée par Steve Gerber, Mary Skrenes et Jim Mooney. Dans la série originelle, Oméga est un être synthétique crée par des extraterrestres et envoyé sur Terre. Comme à son habitude, Steve Gerber avait agrémenté son récit d’une couleur sociale et assez réaliste mais très représentative des années 70. Et ce que réussissent à faire Jonathan Lethem et Farel Dalrymple est vraiment exceptionnel avec ce matériel de départ ! Et pourtant le début est assez intrigant car le premier épisode de ce Oméga version 2008 ressemble trait pour trait et mot pour mot au premier épisode du Oméga des années 70. En tout cas jusqu’à la dernière page du premier épisode. Car à partir de ce moment, on part dans totalement autre chose. Et tout commence à dévier ! Alors que Gerber confrontait Oméga à tout le gotha du Marvel de l’époque, les deux auteurs partent dans des délires absolument phénoménaux, qui rappellent le meilleur de ce que pouvait proposer Vertigo.

Un titre Marvel teinté de Vertigo

Le mot est lâché, et clairement, on a plus l’impression de se retrouver dans un titre chapeauté par Karen Berger que dans un reboot Marvel d’une vieille série Marvel. Oméga l’inconnu est totalement barré, déjanté et hors de contrôle. On y retrouve des idées bizarres, comme cette main qui acquiert son autonomie et se met à grandir, ou encore The Mink, un super héros totalement improbable qui déteste les hamburgers, ou encore des robots zombies. Et le tout parsemé de satire sociale. Ce qui fait de cette bande dessinée non seulement un OVNI, mais aussi et paradoxalement une bonne redite de la licence d’origine. Même si c’est loin d’être gagné au départ. En effet, les deux auteurs partent tellement loin dans leur délire que l’on se demande bien ce qui se passe durant une bonne moitié du comics. Comme toute grande œuvre qui se respecte, elle se mérite, et le lecteur devra s’accrocher longtemps pour arriver au graal espéré : découvrir une histoire beaucoup plus maîtrisée que prévu ! Car Oméga l’inconnu, sous ses aspects complètements hystériques, se révèle être un petit bijou de scénario. Chaque scène, chaque dialogue un peu décalé prend finalement sa place au sein d’un ensemble dense et solide. De fait, Jonathan Lethem, accompagné au scénario de Karl Rusnak et Dalrymple réussissent le tour de force de faire une réelle adaptation moderne d’un comics. À savoir prendre la substantifique moelle d’un récit et de la transformer radicalement sans toutefois renier le fond de son principe de base.

De l’audace mais de l’humilité

Les auteurs vont vraiment très loin et tentent des choses qu’on a rarement vues chez Marvel. Comme conclure leurs douze épisodes avec un épisode sans dialogue ! Vous connaissez beaucoup d’auteurs qui décident de boucler leur intrigue avec un épisode totalement muet ? Et qui non seulement fonctionne parfaitement mais nous donne en plus toutes les clefs de compréhension de l’histoire ? C’est fort, très fort. Le pire c’est que toutes ces originalités semblent naturelles dans le cadre de notre lecture. Souvent, avec des titres indépendants, on sent que les auteurs se regardent un peu écrire, prennent un peu le lecteur de haut. Et ce n’est pas le cas ici. Toutes les originalités, toutes les inventivités du récit n’ont qu’un seul but : le servir de la meilleure des manières possibles. Oméga l’inconnu n’est pas une démonstration, c’est un récit innovant et précis, qui utilise ses particularités pour nous faire ressentir au mieux l’histoire. On peut d’ailleurs remercier pour cela le dessinateur Farel Dalrymple, qui avec un style au premier abord assez simple, nous livre en réalité des pages très détaillées et des compositions hyper originales. Une sorte de mélange entre Chris Bachalo et Paul Pope. Marvel n’a jamais été aussi bon que quand il tente l’originalité et qu’il laisse carte blanche à de grands auteurs. Oméga l’inconnu en est la preuve ultime.

 

Oméga l’inconnu (Omega The Unknown) a été publié en France par Panini Comics en 2012.

omega the unknown

(image : © Marvel Comics)

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