Découvrez la critique de M.O.M., alias Mother Of Madness, la BD issue de l'esprit d'Emilia Clarke, l'héroïne blonde chevauchant les dragons dans Game of Thrones la série culte de HBO.

Maya Kuyper est une jeune femme de 29 ans dans le New-York de 2049. Elle est 50% technicienne chimiste (le jour), 50% super-héroïne (la nuit), et 100% femme et mère célibataire 24h/24. On pourrait croire que 25 ans plus loin que nous, la société aura évolué mais non ! Le monde dans lequel elle vit est une société totalement patriarcale, "un monde d'hommes à la mentalité de vestiaire". Elle va mettre des supers pouvoirs qu'elle a acquis petite à contribution pour lutter contre le crime. Mais en attendant elle doit supporter les sarcasmes, critiques et misogynie de la population masculine qui l'entoure.

Quand la reine des dragons prend la plume

On savait déjà qu'Emilia Clarke, alias Daenerys Targaryen, alias la Reine des Dragons dans Game of Thrones, en plus d'être une incroyable actrice, savait également très bien écrire. Preuve en est cet émouvant article, paru en 2019, dans lequel elle raconte longuement avoir survécu à deux hémorragies cérébrales durant les premières années de tournage de la série GOT de HBO. Ici, elle propose un récit féministe (elle s'en explique dans la préface) qui prend place en 2049, et qui prouve encore une fois si nécessaire, que quoi qu'elle en dise, ou quoi qu'elle montre, la société a encore d'énormes problèmes avec la population féminine en général. Et là est toute la démarche de l'actrice, accompagnée de Marguerite Bennett, montrer comment les femmes doivent se battre, encore et toujours pour sortir la tête de l'eau dans ce monde masculin, machiste, misogyne et testostéroné.

L'histoire n'est pas sans rappeler Lessons in Chemistry, la série AppleTV+ avec Brie Larson dans le rôle d'Elizabeth Zott, une scientifique des années 60, qui doit elle aussi se battre contre une société beaucoup plus ouvertement misogyne. La misogynie est le thème centrale de cette oeuvre, tout comme l'immobilisme de notre société. Bien évidemment tout est exagéré, mis sous la loupe du microscope, mais pas tant que ça finalement. Alors heureusement les auteurs font preuve d'un grand humour et c'est aussi pour aider à faire passer la pilule d'un constat bien choquant.

C'est aussi une histoire sur le passage à l'âge adulte, sur le fait d'être parent, de ce qui signifie d'avoir un enfant, de l'assumer. L'autrice parle aussi beaucoup de l'enfance de son personnage, de ce qui l'a amené à être la femme qu'elle est aujourd'hui. Et finalement la partie super-héroïne est juste là pour donner un côté aventureux à l'histoire, somme toute véritablement classique de cette mère célibataire qui se bat 24h/24, comme une super héroïne, pour donner à son fils le maximum et pour garder la tête hors de l'eau dans ce mode d'homme condescendants qui tend à dicter aux femmes la bonne attitude et subir la pression de la perfection attendue par les autres.

Un peu d'Histoire

Pour mettre quelques points au clair, il faut savoir que le droit de vote a été accordé aux femmes aux USA officiellement en 1920 par le ratification du dix-neuvième amendement. En France il faudra attendre 1944. Le droit à l'avortement en France est arrivé en 1975 avec la loi Veil tandis qu'aux USA, l'avortement est autorisé depuis 1973. Mais en 2022, tout est remis en question et chaque État peut désormais interdire l'avortement. Preuve en est donc que le monde a beaucoup de mal à évoluer et qu'il arrive même à régresser sur des sujets aussi fondamentaux que le droit que peuvent avoir les femmes sur leur propre corps.

Et finalement ?

Finalement cette BD est aussi amusante qu'elle est dérangeante, aussi divertissante qu'elle met mal à l'aise. Les auteurs ont décidé de soulever TOUS ces problèmes sociétaux et humains avec beaucoup, mais beaucoup d'humour, et de détachement et on peut les en remercier, c'est en effet moins dérangeant pour le lecteur. Parce que oui le réflexe est de rire, de prendre à la légère les mésaventures de la jeune femme mais le sous texte est beaucoup mais beaucoup plus sérieux. Le résultat est à la hauteur. La BD est très bavarde mais c'est surtout parce qu'il y a énormément de choses à dire, le sujet traité est plutôt vaste et la pages plutôt encombrée. Mais il n'y a rien de superflus, rien de trop. Les flashbacks permettent de comprendre l'enfance de Maya et les traumatismes qu'elle a subi.

Mother of Madness, par Marguerite Bennett, Emilia Clarke et Leila Leiz, Panini Comics, 152 pages, 24€.

Conseil bonus : comme on est à l'approche de noël, voici l'occasion parfaite pour (re)voir Last Christmas, l'excellent film de Paul Feig de 2019 avec une Emila Clarke touchante et drôlissime au possible (grâce aux dialogues d'Emma Thompson et Bryony Kimmings).

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