Nouvelle inclusion au Black Label français chez Urban Comics, Kingdom Come revient dans une nouvelle édition prestige. Nouvelle illustration de couverture et papier glacé, l’œuvre de Mark Waid et Alex Ross ressort dans un nouvel écrin sensiblement plus fin, et pourtant le nombre de page reste inchangé.

Et ça pourrait être un reproche, justement : rien n’est apporté à l’ancienne édition, si ce n’est cette nouvelle illustration de couverture et la qualité du papier. Mais l’ancienne édition comportant déjà tous les bonus possibles et imaginables, cette nouvelle mouture de Kingdom Come s’adressera aux fans de comics qui n’ont pas encore eu la chance de mettre la main sur ce bijou ou aux plus parfaits des complétistes qui préféreront cette couverture à l’ancienne.

Pour ces fameux lecteurs-qui-n’ont-pas-encore-eu-la-chance-de-mettre-la-main-sur-ce-bijou, Kingdom Come est un récit futuriste dans l’univers DC qui imagine un avenir où les super-héros de l’Âge d’Or, désabusés par la capitulation de Superman, prennent leur retraite. À leur place, les générations suivantes se livrent à des combats insouciants, mettant les citoyens, impuissants, dans des situations particulièrement dangereuses. La bêtise de cette communauté super-héroïque anarchique culmine lorsque le Kansas se change en zone d’exclusion nucléaire au cours d’un combat, forçant Superman à sortir de son mutisme et à prendre des mesures drastiques. La communauté super-héroïque est alors divisée, séparée par des différends politiques. Il est alors impossible de ne pas dresser un parallèle avec Civil War, l’événement de Mark Millar chez Marvel publié dix ans plus tard.

 

Le lecteur se voit ainsi propulsé au cœur des discussions, puis du conflit aux côtés de Norman McCay, un pasteur que le Spectre emmène, sur un autre plan de la réalité, alors qu’il surveille les faits et gestes des héros en vue de prononcer son jugement. Ce qui fait de Kingdom Come un si bon livre est la précision des deux auteurs dans le traitements des personnages (aussi nombreux soient-ils), si bien que chacun d’eux a une voix bien distincte (mention spéciale pour la personnalité et les dialogues que les auteurs ont prêté à Deadman).

Le projet ambitieux de Mark Waid et Alex Ross s’inspire de l’apocalypse selon Saint Jean et prête à Captain Marvel, le personnage phare de Fawcett Comics (les deux auteurs étant particulièrement attachés à la maison d’édition et ses super-héros), le rôle de l’Armageddon. Kingdom Come se laisse ainsi fortement influencer par les comics très sombres de l’époque – les grim and gritty comics –, une génération de récits lancée par le Dark Knight de Frank Miller et, de toute évidence, le Watchmen d’Alan Moore.

La quantité de travail effectuée par les deux auteurs est monstrueuse et se répercute ici dans plus de quatre-vingt-dix pages de bonus contenant les croquis de recherche pour chacun des personnages, expliquant ça et là les choix vestimentaires en établissant une corrélation avec l’avenir qu’ils leur prêtent, un listing des symboles et détails de chaque planche, un impressionnant arbre généalogique et encore bien d’autres choses sur lesquelles il serait bien dommage de ne pas s’attarder en fin de lecture, et potentiellement en vue d’une seconde lecture.

Sur les traits photo-réalistes d’Alex Ross et ses couleurs directes, on retrouve la traduction de Jean-Marc Lainé (et un lettrage malheureusement parfois un peu juste). Le livre est ressorti le 6 décembre chez Urban Comics au prix de 28€ (soit le même que l’édition précédente).

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