Tom King a connu la consécration avec son run de plusieurs dizaines d’épisodes sur Batman. Dans celui-ci, il a notamment redonné vie à la relation amoureuse entre Bruce et Sélina, nous faisant même miroiter un possible mariage. Ecarté un peu précipitamment du titre sans qu’il puisse réellement finir son histoire, les éditeurs de DC lui ont laissé une maxi-série pour lui permettre de mettre un point final à la relation entre Batman et Catwoman et qu’Urban Comics nous propose dans un superbe volume. Malheureusement, la publication de la série a été assez erratique, avec de nombreux retards ou changements d’artiste et cela se ressent nettement ici. Un récit très long et inutilement compliqué, à la Tom King en fait.

(Image : © DC Comics)

Les histoires d’A !

En toute honnêteté, j’ai vraiment beaucoup aimé ce qu’a produit Tom King sur Batman, tout du moins jusqu’au fameux mariage. S’il possède vraiment un style particulier, très intérieur, l’auteur a souvent tendance à se répéter. C’est aussi la marque de fabrique d’un scénariste possédant un véritable style. Et qui fonctionne parfois. Souvent même quand son histoire est dense. Son Sheriff of Babylon est l’une des meilleures BD de ces dernières années, ses Omega Men pleins de fraîcheur, son Mister Miracle un petit bijou. Sauf que voilà, on en a fait vite le tour de Tom King. Et que ces récentes publications ont été, à mon sens, largement en dessous, ou tout du moins totalement redondantes. À l’exception faite de son Rorschach qui sortait un peu des sentiers battus et de son Superman pour Walmart, on ne va pas se mentir : son Heroes in Crisis flirte avec la daube et son Strange Adventures est une pâle copie conforme de son Mister Miracle. Je crois qu’une fois qu’on a lu pas mal de Tom King, en fait, on devine les ficelles rapidement et on s’ennuie. De fait, est-ce que ce Batman/Catwoman allait faire partie des déceptions ou des réussites ? C’est malheureusement le premier cas.

(Image : © DC Comics)

C’est un beau roman, c’est une triste histoire

Batman / Catwoman est raté parce que son histoire est très très légère. Tom King mène en parallèle un récit situé dans 3 temporalités différentes, nous montrant chacune une période de la vie des deux amoureux. Les débuts, la consolidation du couple et les aventures de Sélina et de sa fille Héléna après la mort de Bruce Wayne dans le futur. Et cela ne fonctionne pas. Tout commence lorsqu’une vieille Sélina rend visite à une autre vieille connaissance afin de régler ses comptes avec lui. De fait, elle a une vengeance à appliquer envers ce personnage, qui va aussi être présent durant les 3 périodes décrites dans le livre. La vengeance concerne soi-disant un acte commis par la personne des années plus tôt. Le problème, c’est que ce mystère va être au centre du récit. On se doute alors bien que cela doit être très grave, pour que Sélina décide de se venger. Sauf qu’en réalité, cette révélation retombe comme un soufflé et se situe limite dans la moyenne basse de ce que le méchant a pu commettre tout au long de sa vie. Et les presque 300 pages de la série ne tournent que là-dessus. Le reste est une sélection de moments entre Batman, Catwoman et un petit quatuor de personnages secondaires. Qui n’apportent pas grand-chose et rendent le récit très ennuyeux. Ennuyeux et confus.

(Image : © DC Comics)

Trop de Blabla

L’intrigue étant déjà très faible, Tom King se sent obligé d’utiliser le procédé le plus basique, à savoir les histoires en parallèle et les flashbacks. Et cela ne fonctionne pas. Parce que l’on est constamment perdu dans les trames narratives. Tout du moins, les artistes ne nous donnent pas assez d’informations (scénaristiques ou visuelles) qui nous permettraient de définir les différentes temporalités. Et de plus, si on arrive à identifier la trame futuriste, au bout de quelques épisodes, les deux autres temporalités se confondent. Même le costume de Catwoman ne nous permet pas de bien resituer le contexte. Tout est mélangé et comme la plupart du temps il s’agit de dialogues redondants, on se prend à tourner les pages beaucoup plus vite que de raison.

(Image : © DC Comics)

Land of confusion

Ce qui est terrible, c’est que graphiquement, le série est plutôt excellente. La série principale est en grande partie illustrée par Clay Mann qui, mine de rien, progresse d’année en année et tente beaucoup de choses. Son évolution est vraiment intéressante et ses pages sont splendides. Malheureusement, il dessine les différentes temporalités sans changement de style et cela rajoute un peu à la confusion. Ce qui est amplifié par le fait qu’il n’ait pas réussi à tenir les délais et que Clay Mann se voit remplacé par Liam Sharp, au style très caractéristique et qui de fait, amplifie cette impression de bazar graphique. Le titre aurait à mon sens largement bénéficié de 3 dessinateurs bien distincts.

(Image : © DC Comics)

Un bien bel écrin

Même si la série principale est assez ratée, cette édition Urban de Batman/Catwoman reste encore un très bel écrin ! Ceci est dû non seulement à la qualité des albums de cet éditeur mais aussi par les bonus qui viennent enrichir le volume. En effet, l’ouverture, par un épisode de Batman Annual #2 est particulièrement réussie, avec cette fois-ci deux monstres sacrés de l’illustration comics : Lee Weeks et Michael Lark. D’ailleurs, c’est à partir de cet épisode que la minisérie semble basée et je pense en toute honnêteté que Tom King aurait dû s’arrêter là. Une trentaine de pages, c’était largement suffisant. Nous avons droit aussi à un interlude, par très convainquant au niveau de l’histoire, mais dessiné par Bernard Chang, Mikel Janin ou encore le regretté John Paul Leon dont c’est le dernier travail. Il ne faut pas s’y tromper, ce sont ces récits annexes ou introductifs qui représentent le véritable bijou de ce volume, qui, comme beaucoup d’œuvres de Tom King, divisera les lecteurs.

Batman/Catwoman est publié par Urban Comics

Batman/Catwoman, Urban Comics

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