Urban Comics a décidé durant cet été de s’intéresser au monde de la fantasy. Et ça tombe bien puisqu’il existe, notamment chez les compagnies indépendantes de comic-books américaines, de nombreux titres de ce genre. Malheureusement, en dépit de son prix attractif de 10 €, Barbaric se révèle être une déception au scénario très creux en dépit de dessins honnêtes.
Vault Comics est un éditeur indépendant fondé en 2016 et qui propose des récits de genre comme l’horreur, la science-fiction ou encore la fantasy. À leur crédit, le titre These Savage Shores écrit par Ram V, mais aussi quelques productions trans-media, comme Vampire: The Mascarade inspiré du jeu de rôle du même nom. Vault Comics réunit un groupe d’artistes confirmés comme Tini Howard, Tim Seeley, Donny Cates ou encore Ashley Wood, mais aussi de jeunes talents, comme c’est le cas avec Barbaric, signé par Michael Moreci et Nathan Gooden. Je ne connais absolument rien de ces deux créateurs si ce n’est que Nathan Gooden, le dessinateur, est le cousin des créateurs de la compagnie. Ce qui n’enlève rien à ses compétences artistiques toutefois. Et c’est cette série qu’Urban a décidé de nous proposer.
L’histoire en quelques mots
Owen est un barbare, un vrai sauvage dont l’occupation principale et de trancher des têtes, découper des membres et fricoter avec les drôlesses de la région. Issu d’une longue lignée de tueurs et de brutes sans pitié, le destin d’Owen prend un tour surprenant lorsqu’il rencontre trois sorcières qui lui proposent un pacte : aller directement en enfer ou rester sur Terre muni d’une hache magique parlante et indestructible qui lui permettra encore de tuer, mais uniquement ceux qui ont fait du mal. Owen n’a plus d’autre choix que de partir explorer des contrées pour libérer des innocents et secourir les autres, tout en continuant à décapiter ses ennemis, entraîné par cette hache aussi guerrière qu’insatiable de sang. Notre aventure commence alors qu’Owen rencontre Soren, une sorcière en fâcheuse posture qu’il libère de ses oppresseurs. Mais pour la survie du monde, la jeune femme doit accomplir une quête bien spéciale ! Elle va donc entraîner dans son aventure notre barbare préféré, qui va souvent se demander ce qu’il fait là.
D’entrée, le lecteur va se trouver en terrain connu, celui de la fantasy façon Conan le Barbare. Sauf que l’histoire tourne rapidement en rond. On sait déjà qu’à la base, ce type de récit est toujours un peu le même (un barbare qui sauve une jeune femme en détresse et qui finit par l’aider) et la seule petite altération fournie par les auteurs, c’est cette hache qui parle et l’idée de ne tuer que des méchants. Et cela ne va vraiment pas plus loin. Si la première partie est très classique mais lisible, les deux autres tiers du livre s’enfoncent au point de ne pas raconter grand-chose, à tel point qu’on tourne les pages un peu par réflexe, l’esprit totalement déconnecté de ce qui se produit dans l’histoire. Je pense que Michael Moreci n’avait pas grand-chose à raconter et de fait, la moitié du livre se déroule au même endroit : une grotte dans laquelle notre barbare va découper des créatures de toute sorte qui l’emmèneront au boss de fin. L’exécution est lente et très répétitive. On essaye de faire de la hache un élément comique mais en gros c’est simplement un moyen de placer des vannes assez vulgaires et pas très drôles sur la longue. La fin ne peut pas être plus classique et Barbaric se place comme un récit qu’on a déjà l’impression d’avoir lu des dizaines de fois. Et, plus ennuyeux, des dizaines de fois mieux.
Niveau dessins, cela reste quand-même un peu meilleur même si ce n’est pas non plus extraordinaire. Nathan Gooden a clairement un sens du design sur ses personnages et propose des planches à la composition vraiment dynamique. Il n’y a pas de doute à avoir, les planches sont à première vue plutôt agréables à l’œil. Sauf que lorsqu’on s’y attarde un peu, il n’y a en effet pas grand-chose d’autre. On constatera avec stupeur le manque flagrant de décors, souvent réduit à des fonds de couleur et un certain problème dans l’enchaînement des actions, parfois difficiles à lire. Un peu comme un dessinateur Image des années 90, mais avec nettement plus de technique quand-même.
De fait, Barbaric est une œuvre plutôt classique, sans grande originalité et dont l’exécution assez superficielle ne lui permet pas de se détacher de la masse.
De Michael Moreci et Nathan Gooden
Traduit par Julien Di Giacomo
05/07/2024 – Broché – 104 pages – 10,00€
Owen a parcouru tout le royaume pour assouvir sa soif de violence et de sang, armé de sa hache. Soudain victime d'une malédiction, il est contraint de faire le bien et de venir en aide à toute personne dans le besoin pour le restant de ses jours, tout en faisant équipe avec l'un des êtres qu'il déteste le plus au monde, une sorcière.
Contient : Barbaric (Vault, 2021) #1-3