[dropcap]D[/dropcap]e tout temps, la science a toujours été du côté de la vie. Le but avoué est de l'étudier et la comprendre, afin de toujours l'améliorer et la prolonger, repousser sans cesse l'inéluctable. Car c'est bien là où celle-ci s'arrête et que la fascination commence. La limite à ne pas franchir, où se pose la différence entre la médecine et la sorcellerie, la science et la religion, le chercheur et le charlatan.

De tout temps, la science a toujours combattu la Mort. Et si les scientifiques désirant travailler correctement se doivent de mettre tous leurs sentiments et croyances de côté, un début de conscience s'éveille soudainement chaque fois que l'un d'entre eux s'approche de la limite déjà posée par la grande Faucheuse.

Pourtant, l'idée nous fascine tous. Le docteur Frankenstein criant "It's Alive !" dans l'adaptation cinématographique du roman de Mary Shelley,  après avoir redonné vie à un monstre composé de différents cadavres humains, nous présente le cliché du savant fou ; et la foule en colère à la fin du film nous rappelle les conséquences en cas de non-respect des règles immuables. Le message s'adapte aux époques, ainsi le nombre toujours croissant de fictions mettant en scène des zombies prouve notre goût immodéré pour la Mort sans jamais oublier les conséquences de vouloir la contrôler, représentées chaque fois plus apocalyptiques encore pour l'espèce humaine.

Parfois cependant, certains franchissent le Rubicon. Ils sont finalement beaucoup plus rares qu'on le pense. Les récentes découvertes en génétique ont déterré les vieilles craintes de l'eugénisme, et ont donner un nouveau souffle à l'envie de certains scientifiques de vouloir réveiller nos chers disparus.

 


Frankenstein, extrait d'illustration de Bernie Wrightson.

 

La découverte des cellules souches — en gros, des cellules potentiellement capables de remplacer n'importe quelle autre cellule du corps humains — a changé beaucoup de choses dans le domaine de la médecine, et nous permet d'envisager de pouvoir un jour, réparer et même remplacer n'importe quel organe humain. C'est aussi une solution idéale pour traiter de nombreuses pathologies nerveuses comme Alzheimer, Parkinson ou des lésions cérébrales.

Ça a visiblement donné des idées à la société américaine Biomark, basée à Philadelphie. Vu que l'on détermine le décès d'une personne une fois l'arrêt cérébral établi, s'il suffisait de réparer le cerveau du défunt pour le ramener d'entre les morts ?

L'expérience est toutefois très compliquée à entreprendre dans la plupart des pays,  des lois très strictes interdisant ce genre de pratiques pour des raisons bien évidemment éthiques.  L'entreprise a pu tout de même tenter une première série d'essais en Inde en 2016, mais les autorités indiennes les ont rapidement stoppées en novembre dernier. Le projet consistait à réanimer 20 personnes en mort cérébrale. Rien que ça.

Mais Biomark n'a pas l'intention d'en rester là et compte bien reprendre les essais cliniques ailleurs. D'après Futura Science, Ira Pastor, la PDG de la société, a déclaré que cela se fera sûrement en Amérique latine et qu'une annonce sera faite bientôt.

Cellules souches embryonnaires. Image: Nissim Benvenisty

 

Des scientifiques se sont déjà bien entendu levés contre le projet de l'entreprise américaine. C'est le cas par exemple, de la neurologue Ariane Lewis et du spécialiste de bioéthique Arthur Caplan, qui déclaraient dans un article paru en 2016 que l'expérience n'avaient d'après eux aucun fondement scientifique.

Reste que la réussite — bien que très peu probable — de ce projet soulèverait bien des questions. Que pense une personne morte depuis un certain temps dont on a régénéré le cerveau ? D'autant que lorsqu'il n'y a uniquement que le cerveau qui fonctionne, que le reste n'est pas pris en compte, n'est-ce pas ce qui caractérise parfaitement ce que nous définissons comme des zombies ? Mais avant tout, peut-on réellement faire une chose pour la simple et unique raison que nous sommes  capable de la faire ?

Ces questions, on se les pose depuis la nuit des temps. De la prétendue malédiction des pharaons aux vampires, du monstre de Frankenstein à The Walking Dead, on ne cesse de se renvoyer à nous-mêmes des mises en garde tout en tentant d'assouvir cette attirance morbide pour la Fossoyeuse.

Reste que pour avoir une véritable réponse un jour, il faudra peut-être véritablement réveiller un mort.

 

Source : Business Insider, Futura Science, Science Mag, NCBI

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