De par un succès d’estime (amplement mérité), Fight Club, roman de 1996 d’un dénommé Chuck Palahniuk, arrive sur les tables basses des studios hollywoodiens où une équipe de scénaristes s’emploie à l’adapter pour David Fincher, récemment auréolé du succès critique et public de Seven.

Le réal à la carrière et au style clipesque va en tirer un film des plus original dans sa réalisation comme dans son montage, usant et abusant de mouvements de caméras, de « tics » de faiseur d’images, de traitement post prod amusant. Le tout, porté par le discours subversif (si, si !) de l’œuvre de base, va permettre à Edward Norton de prouver à ceux qui en doutaient encore, qu’il est un grand acteur, à Helena Bonham Carter de sortir des rôles victoriens auxquels elle était injustement cantonnée et, accessoirement, à Brad Pitt de livrer l’un des seuls vrais rôles intéressants de sa carrière.

Accueil mitigé à l’époque, que ce soit par le public comme par les critiques, ces derniers se partageant entre un enthousiasme jubilatoire et un mépris haineux (certains iront jusqu’à le taxer de régressif, de fasciste, d’incitation à la violence), le film donnera pourtant naissance à un culte sur le long terme.

Forcement quand, à l’aube des années 2000 on brocarde allègrement les icônes culturelles que sont devenues (sic !) Martha Stewart, Ikea ou Calvin Klein, qu’on balance à la gueule des gens que ce n’est pas leur compte en banque, leurs fringues ou leur job qui les définissent, qu’ils ne sont pas meilleurs que leurs voisin,… quand on a une vingtaine d’années, ça inspire.

La B.O

Qu’en dire de cette B.O., composée par un duo de producteurs aussi versatile que talentueux (ils ont notamment bossé aves Beck et les Beastie Boys, excusez du peu !) dont ce sera le seul score pour le cinéma (si on excepte deux autres petites participations à droite à gauche)? Rarement musique de film aura été aussi conceptuelle, originale et en phase avec la folie visuelle et thématique des images.

N’hésitant pas à mélanger de l’électro hardcore ou down tempo et à y injecter des passages de musique de cirque et de chants bouddhistes, les Dust Brothers adaptent leur maestria musicale aux codes de la B.O. calquant chaque beat sur les images du film de façon à créer une unité rarement atteinte dans le genre. Une œuvre impressionnante d’aboutissement, fort bien écoutable en tant que telle, encore aujourd’hui, de par son originalité et son caractère intemporel.

Le Comic

Aujourd’hui, alors que le livre de Palahniuk vient de fêter ses 20 ans (déjà !) l’auteur, assisté de Cameron Stewart au dessin, livre une suite à son œuvre culte sous la forme d’une série de comics, édité chez nous par Super 8.

Je vous l'accorde, on peut honnêtement se demander  quel est le public visé par l’objet en question ? Si une poignée de quadras, fans hardcore du film (là !), éventuels lecteurs de bande dessinée (oui, là aussi !), et révoltés repentis (hum, ben oui, là aussi ), jettera probablement un œil mi-intrigué, mi-soupçonneux à l’affaire, il y a quand même peu à parier sur un éventuel lectorat plus jeune, qui n’a clairement pas vu un film du siècle dernier, biberonné qu’il est à Twilight et autres Fast and Furious.

Et pourtant Dieu (Tyler ?) sait à quel point notre société actuelle aurait bien besoin de Rize, le « successeur » du Projet Chaos, pour mettre un bon coup de poing dans la gueule d’une système que notre attentisme et notre inaction a laissé pourrir jusqu’à la moelle.

Cela étant, cette suite joue moins sur le registre de la subversivité et de l’incitation à la révolte que sa grande sœur.
On retrouve les protagonistes de Fight Club, le héros aux multiples noms – qui s’appelle actuellement Sebastian – s’est marié avec Marla et ils ont même eu un charmant (hum !) bambin.
Ils vivent une vie d’américains moyens, version maniaco-dépressifs, encadrée par un traitement médicamenteux qui ferait passer n’importe quel toxico pour un saint.
Mais Tyler rode toujours, tapi dans l’ombre de Sebastian, et il ne faudrait que la frustration sexuelle de Marla pour le ramener, sous la plus inattendue des apparences !

Bref, sans trop en dire, si vous vous attendiez à une continuation directe du brûlot politico-philosophique original vous en serez pour vos frais ; d’un autre coté, si vous aimez les univers dystopiens, les Deus –Ex Machina funs, l’originalité narrative et si vous n’avez pas peur de trouver dans une série de comics des enfants atteints de progeria attaquer un château en parachute, vous devriez jeter un œil à Fight Club 2.

Surtout que, au dessin Cameron Stewart n’est pas manchot, loin de là, et son style cartoony anguleux est aussi original que décalé avec le scénario de Palahniuk.

Cerise sur le gâteau, l’éditeur Super 8, dont c’est la première incursion dans le domaine de la BD (et on l’espère pas la dernière), propose une V.F soignée, un beau bouquin avec couverture cartonnée reprenant le format d’origine et les couv’ des single issues en bonus.

Si c’est votre première soirée au Fight Club…

 

 

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